L'intelligence artificielle n'est pas une simple tendance, mais plutôt une transformation réelle des industries qui nécessite une approche sérieuse. Selon la CNIL « l’intelligence artificielle IA est un procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies ». Pour le Parlement européen, « constitue une intelligence artificielle tout outil utilisé par une machine afin de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité… »
Aujourd’hui, certains industriels français ont compris tout l’intérêt d’intégrer l’IA dans leur Supply Chain car ses applications sont nombreuses et utiles. On peut la retrouver dans tout ou partie des flux de produits, flux d’informations, infrastructures physiques et organisations humaines, depuis les fournisseurs jusqu’au client final. Elle peut ainsi améliorer la maintenance prédictive, trouver des solutions d'ingénierie et de contrôle qualité avancées, participer à l’optimisation des process, visant par exemple à améliorer l’'efficacité et la disponibilité des machines ou encore optimiser la consommation d'énergie. L'IA ouvre donc des horizons très prometteurs pour l'industrie, renforçant son efficacité, sa flexibilité et sa fiabilité à tous les niveaux.
En France, selon une enquête de Pôle emploi (France Travail) de juin 2023 « Les employeurs face à l’intelligence artificielle *» Le recours à l’IA est particulièrement important dans l’industrie pour la moitié des établissements interrogés. Les employeurs recourant à l’IA déclarent tout d’abord des effets positifs sur l’activité des salariés notamment dans l’évolution des compétences. Pour 77% des employeurs industriels, l’IA conduit à réduire les tâches fastidieuses et a un effet positif sur la santé et la sécurité des salariés.
Dans le but de permettre aux industriels PME, ETI et grandes entreprises d’y voir plus clair à la fois sur les usages de l’IA et sur les règlementations et obligations qu’elle impose, l’association France Digitale se propose de mettre à leur disposition des outils facilitateurs et pédagogiques. Rencontre avec Alexandre Labarriere, Communications & Marketing Director de France Digitale.
(Source Rapport du comité interministériel sur l’intelligence artificielle, mars 2024)
Pouvez-vous en quelques mots nous expliquer ce qu’est France Digitale et quels sont ses enjeux par rapport à l’IA ?
France Digitale existe depuis 2012, nous sommes la plus grande association indépendante de start-ups et d’investisseurs avec plus de 2000 membres actifs. Notre rôle est de fédérer tous les acteurs qui gravitent autour de l’innovation. Nous portons la voix de tous afin que leurs problématiques soient bien comprises d’un point de vue politique mais aussi économique. Nous organisons plus de cinquante événements par an, dont notre grande messe annuelle le France Digitale Day qui se déroule en septembre et qui permet des rencontres avec des acteurs français et européens de premier plan de la communauté tech, des décideurs publics dans le but d’échanger autour des dernières tendances. Notre rôle est aussi de faire du lobbying d’éducation auprès des politiques sur tous les sujets qui touchent l’écosystème et enfin nous produisons également de nombreux contenus didactiques et des mappings de start-ups selon certaines thématiques … Notre rôle est d’offrir un large panel de ressources documentaires utiles à tous.
En ce qui concerne l’IA, France Digital est historiquement positionné sur le sujet. En effet, depuis 8 ans, avec le France is AI et le FD3, France Digitale organise un gros événement « AI Day » pour faire de Paris l’une des places incontournables de l’IA en Europe et dans le monde. Dans ce cadre, le 4 avril prochain nous proposerons un état de l’art de la recherche et des innovations, et des conférences sur des sujets concrets, avec par exemple : Comment l’IA peut transformer mon métier ? Ou, comment me saisir de l’IA faire bouger les lignes dans mon entreprise ?
Si ces événements concernent tous les secteurs d’activité, comment France Digitale établit-elle des synergies spécifiques avec le monde de l’industrie ?
Lors de l’édition 2023 (le FD3), par exemple, nous avions choisi comme l’un de nos plus gros partenaires, ArcelorMittal. Ce groupe sidérurgique est un très bon exemple de la prise de conscience des industriels dans le fait que l’IA et plus globalement l’innovation sont des vecteurs de transformation de leurs modes de production. ArcelorMittal a une véritable logique d’innovation dans le groupe ainsi que d’accompagnement de start-ups notamment sur les procédés de décarbonation industrielle. Cependant, nous sommes conscients que toutes les entreprises industrielles ne se sont pas toutes emparées du sujet. C’est pour cela que nous avons décidé de les aider à mieux comprendre le rôle de l’innovation et de l’IA dans leurs métiers. Avec notamment la sortie l’an dernier d’un mapping des start-ups qui sont au service de l’Industrie. Nous référençons environ 900 start-ups dont le business model s’adresse spécifiquement aux industriels de la santé, de l’énergie, l’aéronautique, etc. Et parmi ces start-ups, le plus gros contingent concerne des start-ups liées à l’IA pour l’industrie. Notre rôle est alors de répondre aux problématiques des industriels en les aidant à définir leurs besoins et en leur apportant les solutions développées par nos start-ups.
Aujourd’hui, plus que jamais, le concept de Joseph Schumpeter de « destruction créatrice » est au cœur du sujet de l’IA. Comment l’abordez-vous avec des industriels qui seraient inquiets sur leur avenir professionnel ?
De façon globale, il y a un questionnement qui est légitime. Mais nous, nous insistons sur la pédagogie, la formation, la montée en compétence à la fois dans la compréhension de ce qu’est l’IA et dans son utilisation. Nous pensons qu’il est indispensable de valoriser son aspect facilitateur du quotidien du salarié et dans ce cadre les RH ont un véritable rôle à jouer… il s’agit d’une nouvelle révolution industrielle !
Preuve que l’IA est le sujet du moment en France mais aussi en Europe, le 13 mars dernier, la commission de l'intelligence artificielle a remis son rapport au président de la République. Il y est notamment précisé que l’IA ne doit susciter ni excès de pessimisme, ni excès d’optimisme et doit surtout obéir à de nouvelles obligations règlementaires. Ce dernier point fait notamment l’objet d’un projet de loi européen : l’Artificial Intelligence Act.
France Digitale a grandement contribué à l'élaboration de l'AI Act, mais en quoi consiste cette loi ?
L’IA Act est le tout premier cadre juridique en matière d’IA, qui traite des risques liés à l’IA et positionne l’Europe, pour qu’elle joue un rôle de premier plan à l’échelle mondiale. Alors que le règlement sur l’Intelligence Artificielle a été voté par les Etats membres le 2 février 2024, il est maintenant hautement probable que l’AI Act entrera en vigueur d’ici juin 2024. Dès le départ, quand le texte a commencé à être réfléchi, nous avons été l’un des premiers contributeurs, dans le but de préciser les enjeux pour les créateurs d’innovations de réguler l’IA sans la brider. Notre rôle aujourd’hui et d’aider les entreprises à anticiper les éventuelles mises en conformité qu’elles devraient adopter. C’est pour cela que nous avons créé et mis en ligne avec Wavestone et Gide un « guide de mise en conformité » https://francedigitale.org/publications/ai-act-guide-mise-en-conformite . Ce guide pratique a été créé avec des check-lists, des exemples très concrets, qui permettent de définir le risque de son IA et d’anticiper les prochaines étapes de la mise en conformité de son système d’IA. Concrètement, les entreprises vont devoir cartographier leurs systèmes d’IA et leur niveau de risque : du risque faible au risque inacceptable.
France Digitale émerge donc comme un acteur majeur dans l'écosystèmes de l'intelligence artificielle au sein de l'industrie, en favorisant des collaborations actives et des alliances stratégiques. Alors que l'IA s'impose comme une composante indispensable des processus industriels, France Digitale s'engage par ses actions à soutenir les entreprises dans leur transition. À travers ses initiatives, France Digitale ouvre la voie à une collaboration fructueuse entre l'industrie et l'IA, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour l'avenir de l'industrie française
*: Enquête qui se base sur les réponses d’un échantillon représentatif de 3 000 établissements de 10 salariés ou plus, interrogés en mai par téléphone par BVA dans le but d’avoir avoir une première approche des usages de l’Intelligence Artificielle par les employeurs..
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