La robotique, pivot de l’industrie 4.0

Quelle est la place de la robotique dans un contexte de transformation industrielle ? Quelles évolutions pour le travail en industrie face aux progrès de la robotique ? Pour répondre à ces questions, Jacques Dupenloup, directeur de la division robotique France de Stäubli, revient sur les enjeux de la robotique et son utilisation à l’ère de l’industrie 4.0. 

« Au départ appelée ‘l’industrie du futur’, l’industrie 4.0 désigne l’évolution de la technologie pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. Et, indéniablement, la robotique fait partie intégrante de cette nouvelle industrialisation », souligne Jacques Dupenloup. Avec la digitalisation, de nombreuses personnes estiment en effet que la robotique est au cœur même de la transformation industrielle. Et les bénéfices de l’usage de la robotique dans l’industrie sont nombreux : plus grande polyvalence, meilleure réactivité, facilitation de la remontée d’informations, gain de productivité… « La robotique permet de prendre des parts de marché, de se développer, amène de la réactivité et donc, assure la pérennité de l’entreprise », ajoute Jacques Dupenloup. 

La robotique, utilisée dans tous les secteurs 

Originellement utilisée dans les chaînes de production de l’industrie automobile, les usages de la robotique se sont largement déployés ces 30 dernières années. « Il y a 30 ans, 75 % des robots produits étaient dédiés à l’industrie automobile, contre 23 % aujourd’hui. Tous les autres marchés utilisent aujourd’hui la robotique », ajoute Jacques Dupenloup. Quelques exemples : le secteur pharmaceutique, le médical, l’agroalimentaire, la cosmétique, la plasturgie, la métallurgie, le bâtiment, la logistique… « Les marchés se sont complètement ouverts, nous constatons de vrais besoins de la part des industriels. Tous secteurs confondus, la robotique est en croissance de 15 % par an », précise ainsi Jacques Dupenloup.

L’évolution des emplois dans l’industrie avec la robotique

L’inquiétude concernant l’emploi dans l’industrie avec l’utilisation de la robotique n’a également pas lieu d’être, selon Jacques Dupenloup. « Les entreprises qui ont recours à la robotique le font surtout pour les postes à forte cadence, à pénibilité, où les maladies professionnelles, comme les troubles musculo-squelettiques, sont très présentes, précise-t-il. Les collaborateurs ne sont pas licenciés pour autant, puisque l’usage de la robotique permet aux entreprises de se développer. Au contraire, des tâches à plus forte valeur ajoutée leur sont confiées, comme des opérations de contrôle. L’introduction de la robotique s’accompagne donc souvent de formations ». En effet, la grande majorité des tâches par nature répétitives peuvent être robotisées. Les fournisseurs de robots ainsi que l’intégrateur étudient tout d’abord le besoin, afin de pouvoir équiper le robot des outils nécessaires à la réalisation de la tâche : pinces souples pour manipuler de petites pièces, système de vision pour être plus précis…

L’usage de la robotique dans l’industrie est donc une avancée majeure pour les conditions de travail des salariés. Un exemple : la robotique est à présent utilisée dans les ateliers de tôlerie pour alimenter en métal les presses à découper, ce qui a considérablement réduit les accidents de travail concernant la réalisation de cette tâche. 

La robotique, au cœur du travail des collaborateurs

Avec les avancées technologiques, de nouveaux robots se sont développés et peuvent à présent évoluer au plus près des collaborateurs. Les cobots, par exemple, ces robots qui permettent de collaborer avec l’homme, en proximité. Cependant, encore aujourd’hui, « leurs possibilités restent limitées en termes de charges et de vitesse, car, travaillant à côté de l’homme, les normes de sécurité sont très strictes », précise Jacques Dupenloup. 

L’évolution de la robotique passe également par la mobilité. Les AGV (Automatic guided vehicles), qui existent depuis de nombreuses années, sont aujourd’hui complétés par les AMR (Autonomous mobile robots). Ces derniers peuvent se déplacer au sein d’un espace où travaillent des collaborateurs, en les contournant grâce à des systèmes de navigation et de la programmation et en transportant des charges. « Aujourd’hui, des AGV et AMR peuvent se déplacer dans l’usine, ainsi qu’à l’extérieur, côtoyer des humains, transporter des charges lourdes ainsi que d’autres robots. Ce sont des équipements amenés à être de plus en plus utilisés pour les charges lourdes afin de sécuriser les déplacements. », ajoute Jacques Dupenloup. La robotique mobile est également utilisée dans la logistique, afin de faciliter l’accès aux produits. 

Quels enjeux et perspectives pour les années à venir ?

Fabricants de robots et industriels travaillent de pair autour de l’usage de la robotique, et de nouvelles applications apparaissent régulièrement dans différent domaines : soudage, collage, impression 3D, usinage, contrôle mesure, manutention, préparation de commandes, test de produits, traitements de surface… Couplée au numérique, la robotique permet la conception d’équipements entièrement automatisés. Dans l’usinage, des robots peuvent ainsi alimenter les machines-outils puis récupérer les pièces usinées et gérer la palettisation. 

L’interconnexion de la chaîne de valeur est en effet un point clé de l’industrie 4.0, qu’il s’agisse des capteurs, des actionneurs, des robots, des logiciels ou du Cloud… L’objectif : faciliter le pilotage de l’entreprise, mieux prévoir la maintenance et gagner en compétitivité. L’humain y a toute sa place, et les métiers seront encore amenés à évoluer. La formation est donc un enjeu très important pour les années à venir. « Avec la crise de la Covid-19, nous avons pris conscience de l’importance de l’industrie, et de la nécessité de réindustrialiser notre pays. Nous avons donc besoin de talents, de forces vives, pour que l’industrie retrouve sa place en France et soit compétitive », conclut Jacques Dupenloup.